A propos...

Hors-champs en partage.

samedi 1 octobre 2011

Echevelles

Un éclat de nuage
Cristallisé d’écRires
Disperse la tristesse

Un soleil feuilleté
Butiné de sourires
Eclabousse les regards

Les paravents se déplient
Soufflets dévoilés acidulés mais sucrés aussi
Les mots transpirent la glace des années ?
Soyons de soie
Echevelons-nous dans la voie lactée

Né-âge


Tu  cielles tu nuages tu charnelles
Tu ruisselles
Tu soupires tu jettes le dictionnaire
A la lettre W tu erres
Wagonnet Walkyrie  Wali  Wyandottes
Tu rigoles en imaginant cette poule
Qui peut-être aimerait pondre des ruisseaux
Mais école stylos règles de trois voilà
Ça ne se dit pas

Guerrures


On s’enlacera                       hier
Odalisques en vertiges  
Au cœur des cisailles           terre

Le t-…t.e.m.p.s.                   carnet
A spirales
Les mots se flaquent  
L’alphabet                            orage
Les coups pleuvent
En gouttes qui enragent

La – ta – cette – celle-là de – guerre
Eternellement réveillée
Par les fourmis crissantes
De ces bombes d’échos                   trop
Tues
Ces – eux – ces enfants des rues d’Alger
Tués

Tu
Perdu petit tout petit si petit
Vieux aujourd’hui
Tes yeux tes yeux tes yeux tes yeux
Auront toujours dix ans


Publié dans Filigranes n° 81 - novembre 2011

mercredi 30 mars 2011

Sang

Ils n'ont en commun que des riens - loups
  Partagent des horizons félins

Ils assaisonnent leurs torts
De petites pincées de ciel

  Dans le creux de leurs paumes
Fleurit la coriandre des aubes

mardi 15 mars 2011

Entre mondes



« Sur le rivage, en face de chez moi, la mer s’est aperçue de ma présence et me fait fête comme un grand chien »
Italo Calvino (« Amours loin de chez soi », nouvelles)


Sur l’arrondi de ton front
L’univers entier se fond
Appelle mes lèvres ma main
Sur l’arrondi de ton front
Le soleil jamais ne s’éteint

Bombée, ta peau vibre de mots
Ta beauté en arpège
Se goûte comme une page de neige
Tu es là
Après la nuit en échouage
Toute cette luminosité
Explose de toi

T’inviter au monde
Humer les aubes
Goûter les océans   
Dévorer les langues étrangères
Partager la poussière
De questions sans hier
Ce n’est pas un rêve

Entre chaque battement de cils
Le miel de la Terre
As-tu vu
Les arbres parés de caramel ?
Le raisin des lendemains ?
L’indicatif du présent
N’est qu’un temps grammairien
L’essentiel jaillit de la bouche
Ici – maintenant
Le reste ? Lumière en va et vient…


Publié dans Filigranes n° 79 - avril 2011


(c) Anouk - texte et photo


mardi 1 mars 2011

Trêve

Et si nous dévissions le couvercle de la casserole,
et laissions glisser une tranche de nous-même ? 
Le hasard nous lèche
On plonge en à-pic sur les brisants de l'exactitude gloutonne


(c) Anouk - extrait d'un poème paru dans Filigranes (novembre 1993)


vendredi 25 février 2011

No make belief



 
Flows
Smash the play

Flows
Crack the eye

Flows
Break the waves

Slow down the swing
there’s no ring
No wing

However?
Oh, come on
It's a joke
It just flows and flows and flows


 (c) Anouk - Text & Picture

Suspensions


Tu as écouté le soleil
et tu as tué une tomate
tu as déterré l'éveil
et tu as brisé la boîte
tu as bu les lettres
et tu as glacé le message
tu as parlé à la lune
et tu as fondu dans ta cage
tu as pelé les murs de Paris
et tu as déplié tes abris
tu as crié à l'envolée
et tu as enfin souri 



Entre deux... In between


It means we're here, there, never here, never there
but everywhere
It means we're going forward, and backwards
and all around
It's a never ending motion
which flees ordinary situations
looks for mansions of hearts

On est ici, là bas, jamais ici, jamais là-bas
mais partout
On va en avant, en arrière
tout autour
mouvement incessant
qui fuit l'ordinaire
recherche les demeures du coeur

(c) Anouk - Text and Picture


EcRire

Un éclat de nuage
Cristallisé de rires
Disperse la tristesse

Un soleil feuilleté
Butiné de sourires
Eclabousse les regards

Les paravents se déplient
Comme ds soufflets
Aux couleurs acidulées

Il n'est jamais trop tard


Publié dans Cairns, janvier 2009

(c) Anouk - Picture and Text

Nervures

Entre nous
Les mots sont comme neige
Entre nous
Les mots transpirent la glace des années

Les feuilles des jours
Se détournent de l'amour
Comment faire pour voir des bourgeons encore
Comme faire pour boire en nous
Et ne pas se laisser étouffer

Entre nous
Les mots glissent et se blessent
Chuchotent leur cortège
De silence

Il suffirait pourtant d'en inventer d'autres
Tel l'enfant découvrant les baisers
Et le monde tout entier

 1er prix du  Printemps des poètes 2002/2003, Saint-Cloud (jury présidé par la poète Marie-Claire Bancquart).

(c) Anouk - Picture and Text

Graines de nuit


On ne voit pas les virgules entre les rêves, ce qui en rend la lecture si difficile, mais les phrases claquent en silence, et l'on s'achemine sous les paupières, papilles aux aguets, d'énormes oursons chatouillent nos oreilles, nos yeux s'inclinent comme si les souvenirs avaient tout saupoudré, ce qui en rend la lecture si difficile, d'ailleurs la lumière n'est plus, à moins qu'elle ne soit toujours - ne la sent-on pas au bout des cils ? - la lumière d'hier dilate nos pupilles, bienvenue nous dit le sculpteur des nuages, avez-vous vu l'ombre d'une panthère sur le chat endormi ? Le dauphin qui a volé les vagues ? Non ? Alors, à quoi rêvez-vous ? Aux virgules ? Je sais, la lecture est difficile, mais une toile d'eau vous aidera tout à l'heure quand, éveillé, vous vous demanderez... Et des graines de nuit. On ne connaît pas la gourmandise des rêves, on sait seulement qu'un pollen fleurit les pensées endormies.


Publié dans Filigranes n° 34, 1996